Une de mes premières sorties avec François, ce fut pour une fête organisée par les anciens des Arts décos, une fête de début d'année... pour que les "nouveaux" se détendent, se sentent chez eux. Histoire de briser la glace et de se sentir appartenir à l'école.
Nous on rêvait déjà d'une de ces fameuses fiestas légendaires dont l'école avait la réputation mais qui avaient été interdites quelques années auparavant au cause d'incidents graves de bizutage. Les temps avaient changés et le bureau des élèves avait eu l'autorisation à nouveau d'organiser une fête "normale" dans une grande salle louée à cet effet.
François et moi, amis de courte date, on s'était retrouvé un peu avant, tout excités, avec notre belle carte beige d'élève des Arts Déco en poche, billet d'entrée obligatoire des portes d'une nuit qu'on ne voyait que de folie - ce qu'on peut être naïf à 20 ans.
On découvrit une immense salle quasi vide avec au bout un immense bar et sur les côtés laissés dans l'ombre des tables basses, des chaises et des "anciens", les fameux - pas pressés de nous mettre à l'aise.
La piste de danse, centrale et gigantesque, illuminée de spots clignotants était désespérément vide. Les nouveaux arrivants faisait même le tour par les côtés pour aller chercher une bière. François et moi, on devisait en se demandant pourquoi diable personne ne dansait, et plus le temps passait plus la tension montait, plus la piste de danse paraissait impressionnante et impraticable. Je rigolais en disant à François que je serais curieux de savoir qui allait oser briser cette fameuse glace.
Soudain il posa son verre et me dit : quand faut y'aller, faut y'aller. Je le vis s'avancer vers le milieu de la piste à pas lents et se mettre exactement au milieu, mon coeur se mit à battre comme si c'était moi qui était à sa place. Alors, devant tous les élèves arrêtés et médusés, il se mit à effectuer une danse d'indien qui je l'apprendrai plus tard était une de ses spécialités, consistant à sauter comme un peau rouge en levant les bras et en tapant des pieds de toutes ses forces en tournant sur lui-même à pleine vitesse. Ce spectacle ahurissant dura bien quelques minutes pendant lesquelles on se regarda incrédules et amusés. Mais bientôt, tout le monde compris le signal et se retrouva sur la piste.
Je rejoignis François qui continuait sa danse de St Guy, imperturbable et déjà en sueur. Il me vit et me dit : tu vois suffit de les pousser un peu...
Je ne me rappelle pas comment se termina cette fête. Par la suite, à chaque fois que François effectuait cette danse, je revoyais la scène. Je me repassais souvent ce souvenir avec bonheur, comme un grand moment de cinéma. Aujourd'hui aussi, je me repasse cette scène et je ravale mes larmes.
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Ah ça,
RépondreSupprimercette danse de St Guy est vraiment paranormale, je suis bien d'accord. Son fils d'ailleurs semble apte à reprendre le flambeau. "Mingusien", c'est l'adjectif qu'il accolait au fiston et à ce goût de la transe.
Ce texte fait du bien là où il fait mal... Merci Stephan.
ne les ravale pas tes larmes... c'est tout ce qu'il nous reste de ceux qui sont partis : elles sont, dans un premier temps, l'expression de notre mémoire. Il viendra un temps où notre souvenir sera plus apaisé, et puis, sache-le, il viendra un temps où nous les rejoindrons.
RépondreSupprimerUne énergie incroyable, je n'arrivais jamais à le suivre jusqu'au bout ! Il se déchaussait souvent à lépoque et tapait très fort avec les pieds en secouant sa tête dans tous les sens!
RépondreSupprimerConcernant les anciens qui aidaient les p'tits bizuts, on (toi inclus) rigolait pas mal en regardant le chef de l'asso qui portait un gros béret soufflé, un peu comme une pizza calzone sur la tête, et couverte de badges et de pins, il venait aux Arts Décos avec une 2 cv repainte couleur or sur laquelle il avait réalisé un montage ,un empilement de vieux téléphones...