Hier, comme des jeunes pouces, ma femme et moi on est allés à l'Olympia.
Ouais, on peut pas être et avoir été soit disant... mais nous on se mantient ! Malgré !
Bref, c'était pour voir...entendre ? écouter ? Subir ? THE DEAD WEATHER en concert.
Un groupe de Rock composé de Jack White, des White Stripes et d'Alison Mosshart de The Kills et deux autres gus dont les noms m'échappent...
Public principalement agé, comme nous, la quarantaine, avec trop de rides et de mèches blanches pour donner le change mais assez de lumière dans les yeux pour ne pas en avoir honte, quelques jeunes rigolards assis sur les marches, et à portée de bras, assis comme nous au balcon pour vieux, les cheveux teints, Manoeuvre avec ses lunettes noires et son cuir immuable...Tout s'annonçait pour le mieux - surtout après deux petites bières en plastique.
A 21h15 pétante, en deux minutes chrono, le concert commença et nous mis sur le carreaux, direct. Un mur du son à 108db (on était placé juste derrière la console) nous atteignit en pleine face, bousillant nos tympans, nos 20 ans et notre taux d'adrénaline déjà bien endommagé, je parle pour moi...
On essaya de se boucher les oreilles en fouillant désespérément nos poches à la recherche de boules quiés, tout en voulant finir notre verre, en vain. Le mal était fait, on dégustait grave. Les plus faibles du lobe quittaient la salle, en boule.
J'essayai de reconnaître les chansons de l'album, mais non, un déluge sonore cisaillait mon cerveau de haut en bas et de droite à gauche. Je reconnu à peine le joli corps trop maigre d'Alison se déhancher sur les baffles et la mèche de White se balancer au dessus de sa nouvelle victime, une batterie, on avait mal pour elles, et pour nous.
Pourtant, dans cette opération sur-sonorisée, très trop bien huilée et ultra douloureuse pour nos oreilles, quelque chose jaillissait comme une évidence, si bien qu'après 5, 6 morceaux, je me retrouvai à crier « du rock !! », « plus fort ! » et « rage against the machine!! » comme au bon vieux temps, quand je gueulais pareil, mais dans la fosse en sautant comme un hystérique. J'étais jeune...
Je me disais qu' Alison chantait soudain vraiment bien quand en fait c'était White qui avait pris le relais et que le guitariste se surpassait quand c'était encore White qui venait de troquer sa grosse caisse contre une guitare. Le public aussi devait s'en apercevoir car on réussissait à l'entendre hurler plus fort que l'électricité dès qu'il changeait de place.
Je me retournai vers Carmen et la vis me crier quelque chose. Quoi ? Je fis ? En approchant mon oreille juste au contact de ses lèvres. « Y a que lui qui en a sous la pédale !! » me cria t-elle. « Il est trempé dans la musique !! » Bon sang, je suis pas sourd !! t'as raison ! Je lui répondis.
Dans le Rock, il y a l'idée du sacrifice, de la sueur, du sang, de la communion, du respect du public, mais les pros d'aujourd'hui économisent bien trop leurs forces pour qu'on y croit comme avant. Pourtant, quand un musicien est aussi doué que White, c'est comme de voir jouer Maradonna, peu importe l'équipe et le temps qu'il fait, peu importe le résultat du match, on cherche seulement à ramener avec soi un peu de ces gestes fluides, on se plait à rejouer la scène, on se croit génial par procuration et les tympans défoncés, on rentre, heureux et rincés.
Et dans ma tête, il y a François qui danse.
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« Public principalement agé, comme nous, la quarantaine »
RépondreSupprimerPutain d'Adèle ! vous pourriez avoir un peu de délicatesse envers les VRAIS vieux !
Un bien joli texte avec, juste les mots qu'il faut pour me faire partager l'atmosphère de l'Olympia. Peut-être un peu trop fort le son pour que je puisse entendre vos voix...
RépondreSupprimerUne conclusion comme un hommage à François...